Prestations en réaction à la pandémie: le Bloc et le gouvernement presque d’accord
OTTAWA — La ministre des Finances, Chrystia Freeland, a profité de son témoignage devant un comité parlementaire, jeudi, pour signaler au Bloc québécois qu’elle est prête à se plier à ses conditions pour permettre l’adoption du projet de loi qui distribuera de nouvelles prestations aux entreprises et particuliers affectés par la pandémie de COVID-19.
Les bloquistes y voient «un pas dans la bonne direction», mais ne sont pas encore pleinement satisfaits des engagements pris.
Les députés bloquistes veulent des garanties pour trois de leurs préoccupations: une aide directe pour les travailleurs du secteur culturel; un engagement à étendre l’aide distribuée par C-2, si nécessaire, à d’autres industries, comme l’aérospatiale; une correction des règles fiscales pour que le Supplément de revenu garanti (SRG) ne soit plus affecté par la Prestation canadienne d’urgence (PCU) empochée par des travailleurs aînés en début de pandémie..
«On est d’accord que c’est un problème et on est en train de le régler», a dit la ministre à propos du calcul du SRG.
Le député bloquiste Gabriel Ste-Marie, en entrevue téléphonique à sa sortie du comité, a rappelé que son parti a fait cette demande au gouvernement libéral plusieurs fois déjà. «Il aurait fallu que ça soit réglé il y a plusieurs mois. (…) On va poursuivre les conversations. Si c’est pour être réglé l’été prochain, ça ne marche pas», s’est-il impatienté, tout en notant «un engagement, une bonne volonté, de la part de la ministre».
Il a eu la même réaction aux deux autres signaux de la ministre Freeland qui a dit élaborer un programme spécifique pour les artistes – «on est en train de faire des consultations pour donner cette aide qui est nécessaire» – et qui a dit «comprendre» l’importance «spécifique et stratégique» de l’industrie aérospatiale.
Tout au long de son témoignage au comité, la ministre Freeland a ponctué ses déclarations de remerciements adressés au Bloc québécois pour sa «collaboration», pour son «travail», pour son «approche sérieuse». Les deux autres partis d’opposition, le Parti conservateur et le Nouveau Parti démocratique (NPD), ont déjà fait savoir qu’ils s’opposent à C-2.
Sans l’appui du Bloc québécois, le gouvernement minoritaire ne pourrait pas faire adopter son projet de loi.
«Ce n’est pas encore suffisant», a cependant jugé M. Ste-Marie. «On a besoin de garanties solides. Donc, disons que les négociations se poursuivent», a-t-il ajouté.
La ministre, elle, a enjoint l’opposition de permettre l’adoption de ce projet de loi au plus vite, idéalement avant le congé de fin d’année qui débute dans huit jours.
«En raison des craintes causées par le nouveau variant Omicron, le projet de loi C-2 est plus important que jamais», a offert la ministre en guise d’introduction à son témoignage au comité permanent des finances. «Il y a des gens vulnérables. Il y a des entreprises vulnérables. Pour eux, on ne peut pas attendre», a-t-elle renchéri.
L’aide offerte par C-2
Les libéraux proposent d’étendre les mesures d’aide en cas de pandémie jusqu’au début mai aux entreprises qui souffrent des conséquences de la COVID-19 et d’accorder une prestation de 300 $ par semaine aux travailleurs qui sont sans emploi en raison des mesures sanitaires dans le cadre du projet de loi C-2. L’aide est chiffrée à 7,4 milliards $.
Selon les calculs du directeur parlementaire du budget, le plan du gouvernement fédéral visant à prolonger sa subvention salariale portera le coût global du programme à près de 106,7 milliards $.
Son rapport publié jeudi matin estime que la majorité de la somme, environ 4,8 milliards $ de subventions, ira aux entreprises qui continuent de connaître une baisse abrupte et persistante de leurs revenus.
Les 666 millions $ restants seront versés dans le cadre d’un programme ciblant les entreprises durement touchées du secteur du tourisme et de l’hôtellerie.
Le bureau du directeur parlementaire du budget, Yves Giroux, a précédemment estimé que la prolongation de la subvention au loyer coûterait 676 millions $ et que l’ajout de semaines supplémentaires aux prestations de maladie et de soins coûterait respectivement 373,8 millions $ et 554 millions $.
Témoignant de son côté devant un comité sénatorial, M. Giroux a partagé une certaine inquiétude. «Je suis préoccupé par le fait que le gouvernement demande l’appui du Parlement pour de nouvelles dépenses sans avoir encore révélé ce qui a été dépensé l’année précédente», a-t-il déclaré.